lundi 19 novembre 2012

Les réseaux sociaux vont-ils tuer les médias ?



Les nouveaux modes de consommation de l’information, et parmi lesquels les réseaux sociaux, génèrent tout à la fois dilution des audiences, désintermédiation et gratuité, remettant ainsi en cause les fondamentaux mêmes du modèle économique des médias historiquement basés sur la tarification de l’accès à l’information et la monétisation des audiences grâce à la publicité.
 

Jamais les moyens de communication n’ont été aussi nombreux et n’ont rendu l’accès à l’information plus facile, plus immédiat et dans presque toutes les circonstances qu’aujourd’hui : où que nous soyons, quoi que nous fassions, nous sommes dorénavant en capacité d’accéder instantanément à n’importe quelle information.

Pour une fois les futurologues ne se trompaient pas quand ils nous prédisaient le passage de la société de consommation à la société de l’information ! En effet, et pendant que l’on se désole du déclin de notre marché intérieur automobile et que l’on s’épuise à vouloir relancer la « consommation des ménages », rien, pas même la crise ni l’anxiété ambiante, ne semble vouloir freiner notre appétit vorace pour l’information sous toutes ses formes et ses nouveaux outils que sont smartphones, tablettes et autres écrans connectés. A tel point que les marques les plus présentes dans la vie des Français sont désormais Google, Facebook et TF1, devant toutes les marques de produits de consommation courante (2). Du jamais vu !

Nous sommes ainsi passés, et en moins d’une décennie, d’une société de consommation de produits manufacturés à une société d’hyperconsommation d’informations qui, paradoxalement, met aujourd’hui en danger l’économie des médias telle qu’elle s’était organisée au fil du temps.

En effet, les nouveaux modes de consommation de l’information, et parmi lesquels les réseaux sociaux, génèrent tout à la fois dilution des audiences, désintermédiation et gratuité, remettant ainsi en cause les fondamentaux mêmes du modèle économique des médias historiquement basés sur la tarification de l’accès à l’information et la monétisation des audiences grâce à la publicité.

Dans le même temps, et c’est heureux, de nouveaux modèles de financement émergent à la faveur de ces mêmes changements, et de nouvelles opportunités se font jour. C’est ainsi que les éditeurs de contenus s’emparent progressivement des réseaux sociaux pour développer de nouvelles formes de contacts avec leurs utilisateurs. Des réseaux sociaux qui offrent l’opportunité de toucher une audience élargie et qui proposent  une relation différente, plus personnelle et plus interactive avec le consommateur. Entre fidélisation des clients, enrichissement de l’expérience utilisateur, élargissement de la base de lecteurs, renforcement de la visibilité et de la notoriété de la marque et, in fine, monétisation du contenu, la « socialisation » de la consommation de contenus ne manque pas d’offrir des opportunités nouvelles aux médias traditionnels. Restent néanmoins posées, les questions de la transformation de ces derniers, de l’évolution de leurs modèles économiques et du partage de la valeur avec les réseaux sociaux. Des défis que, et toute évidence, tous ne pourront pas relever.

 (1)Assises de la Convergence des Médias – Aromates –Idate – Maison de la Chimie – Paris – Jeudi 20 décembre 2012 - http://convergencemedias.aromates.fr/
(2) Baromètre Havas Média – CSA, novembre 2012.

Source : Le cercle -08/11/2012  Jacques Marceau

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